Pénurie et flambée de prix de l’essence frelatée au Bénin : Les véritables raisons du calvaire des usagers

C’est depuis quelques jours, la croix et la bannière au Bénin pour s’approvisionner en essence. Les stations services sont débordées et n’arrivent pas à assurer le service. Ici et là, on assiste à des ruptures de stocks. Pourtant, les files de motos et de véhicules ne raccourcissent pas devant les stations. Des citoyens sont obligés de passer la nuit dans les rangs dans l’espoir d’avoir le carburant. La conséquence de cette situation est la disparition ou la flambée drastique (1.000F voire 1.500F) de l’essence frelatée communément appelée « Kpayo » des abords des voies. Dans les rues, chacun essaye de trouver réponse à la situation. Des rumeurs, on essaye de soutenir la vérité. Cependant, les véritables raisons de la situation restent liées à l’actualité du voisin Nigéria.

 C’est Jeune Afrique Economie qui a rapporté les causes réelles de la situation de la pénurie d’essence et sa flambée de prix au Bénin. Il ressort des informations rapportées par le magazine panafricain que le Nigeria vient de réduire de 90% le budget des subventions aux carburants. En effet, le budget 2015 du Nigeria prévoit 100 milliards de nairas (447 millions d’euros) au titre des subventions aux carburants, soit une baisse de 90 % par rapport à 2014. Ce qui bouscule les données et met en difficulté les acteurs du secteur. Déjà en 2012, une précédente tentative de suppression des subventions avait provoqué une vive réaction de la population.

Cette année 2015, la représentation nationale vient de donner son quitus au fait. « Cinq mois après sa présentation devant les députés, le budget 2015 du Nigeria vient d’être approuvée par le Parlement. Surprise : l’enveloppe des subventions aux carburants est en recul de 90 % cette année, conséquence de la chute des recettes publiques (estimée à 50%) entraînée par le recul des cours du pétrole. Le Parlement a approuvé la réduction de ces subventions à 100 milliards de nairas (447 millions d’euros) pour2015 », a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala, la ministre des Finances, selon l’agence Reuters. Elles dépassaient 1 000 milliards de nairas l’an dernier.

Les législateurs ont par ailleurs approuvé 45,5 milliards de nairas pour les subventions au kérosène (très utilisé par les ménages nigérians). En novembre dernier, le gouvernement nigérian sortant avait annoncé son intention de réduire graduellement les subventions aux carburants à 408,68 milliards de nairas en 2016 et 371,18 milliards en 2017. Le parlement a semble-t-il choisi d’aller plus vite .Or, cette décision intervient alors que les plus grandes villes nigérianes subissent une grave pénurie d’essence, répercussion des retards de paiement des subventions consenties précédemment aux importateurs de pétrole, de la chute du naira et des difficultés d’accès au crédit.

Début mai, les retards de paiement du gouvernement aux importateurs s’élevaient à 200 milliards de Naira (894 millions d’euros), explique Dolapo Oni, spécialiste de l’énergie chez Ecobank, contacté par Jeune Afrique. Capacités Premier producteur de pétrole du continent, le Nigeria dispose d’assez faibles capacités de raffinage et reste entièrement dépendant des importations d’essence pour sa consommation estimée à 40 millions de litres par jour.

En 2012, le gouvernement du président Goodluck Jonathan avait dû restaurer une partie de ces subventions pour mettre fin à la grève nationale de huit (08) jours et à la vive de la population lorsqu’il avait tenté de doubler le prix du litre d’essence de 65 nairas à 150 nairas.

Voilà qui met depuis deux semaines la population béninoise en difficulté énorme. Certains ont carrément abandonné véhicules et motos pour se déplacer à pied. Non seulement il y a une flambée vertigineuse des prix au niveau du « Kpayo au bord des rues » mais surtout les stations services publiques comme privées n’arrivent pas à supporter la demande. On observe de longues files un peu partout et ce qui entrave d’ailleurs une circulation paisible. Et dire que le gouvernement du président Boni Yayi avait tenté à plusieurs reprises de supprimer la vente de l’essence aux abords des rues.

 Rock Judicaël HOUNWANOU

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